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ثقافة Spectacle « Omda show » de Imed Jemaa: La passion de la danse et ses déceptions

نشر في  06 مارس 2017  (12:17)

Pour ses 30 ans de danse, le chorégraphe Imed Jemaa a présenté sur les planches du Teatro « Omda show », un spectacle dans lequel il a dévoilé ses préoccupations  d’artiste danseur mais surtout cette âme particulière, qu’on pourrait appeler « ce ça noyauté par la danse ». En effet, tout est chorégraphique pour Imed Jemaa : faire pipi, jouer au football, lire un livre, niquer, protester dans la rue. Tout est selon lui inscrit dans le registre dansant du corps. Ces actions qui apparaissent appartenir à des champs gestuels distincts, sont pour Imed Jemaa tous dansants.

Comme cet homme habitué aux longues marches en solitaire, Imed Jemaa déroule son histoire à travers  une mise en scène tout en musique et en mouvement entraînant ainsi le spectateur sur un sentier vivace qui raconte la passion de la danse et ses déceptions. Mouvements légers, géométriques. Corps libre, porteur d’un fardeau immense, puis tentant de se libérer des carcans de la société, tel fut Jemaa sur scène.   

A travers une image forte d’un homme dont on soutire la chaise sur laquelle il était assis, le chorégraphe dit  son malaise. Le malaise de l’artiste danseur dans un pays qui accorde peu d’importance à cette forme d’art dont on est si imprégnée pourtant ! La marginalisation brûle alors l’artiste des feux de l’indifférence. Devant un micro central, Imed Jemaa avoue que cette lumière, qui se trouve au fond de l’artiste et qui le pousse à écrire un nouveau monde, est éteinte. Mais Jemaa se bat. Son corps et son discours sont là. Présents et pas prêts à lâcher la piste, ni la scène.

Parmi les autres thématiques soulevées par la pièce, celle essentielle, du rapport de l’art à l’argent, et comment l’argent pervertit l’art  s’il domine une société, aussi celle de l’indépendance de l’artiste et tant de questions évoquées avec justesse.

Pour finir, Imed Jemaa lance un appel créatif pour faire des choses ordinaires d’une façon extraordinaire et non faire des choses extraordinaires d’une façon ordinaire. Imed Jemaa le dit avec une âme généreuse et des mots qui tremblent, qui doutent. Car qu’est-ce-que l’artiste, s’il n’est pas imbu de ce doute créateur qui fait avancer les idées et les rêves.

 Dans un dernier geste, le danseur dépose délicatement de petites felouques colorées sur le devant de la scène pour dire cette dimension du rêve, d’évasion qu’offre la danse. Oui, ce fut un beau voyage artistique. Cela nous a fait beaucoup de bien d’embarquer sur la felouque dansante de Jemaa.

Chiraz Ben M’rad